“Réduire à zéro les exportations” de brut iranien pour “priver Téhéran de sa principale source de revenus”. Lundi, la Maison-Blanche a intensifié sa pression sur l’Iran en annonçant qu’elle mettrait fin, le 2 mai prochain, aux dérogations qui permettaient jusqu’à présent à huit pays (dont la Chine, l’Inde ou encore la Turquie) d’importer du pétrole iranien.
Cette menace de sanctions a été vivement déplorée lundi par plusieurs alliés et partenaires commerciaux des États-Unis, dont Ankara mais aussi Pékin, qui est actuellement l’un des plus gros importateurs de brut iranien, rappelle CNN.
“La Chine a rejeté la décision des États-Unis en affirmant que son commerce avec l’Iran était parfaitement légal et que les États-Unis n’avaient légalement pas le droit d’intervenir”, note la BBC. “La question maintenant est de savoir si Pékin va tenter de contourner les sanctions en passant par des compagnies qui ne sont pas liées au système financier américain.”
“Une menace pour la stabilité du golfe Persique”
Le président américain a également promis lundi que l’Arabie Saoudite et d’autres membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, comme les Émirats arabes unis, feraient“plus que compenser” la baisse de l’offre.
Pour le New York Times, la “frappe” est “audacieuse” mais très risquée. “Certains experts estiment que le fait de compter sur Riyad représente une menace pour la stabilité du golfe Persique” qui pourrait faire l’objet de “cyberattaques iraniennes contre des installations énergétiques saoudiennes”. Si c’était le cas, “les perturbations de la production pétrolière saoudienne pourraient systématiquement ébranler les marchés”, selon une note du groupe de consulting Eurasia, publiée lundi, et citée par le quotidien new-yorkais.
L’annonce de Donald Trump a d’ailleurs fait bondir, lundi, les cours du pétrole, qui ont fini à leur plus haut niveau depuis près de six mois, relève le Wall Street Journal. “Cette réaction rapide du marché, conjuguée aux critiques de la Chine et de la Turquie” lundi, vient fortement “contredire les affirmations de l’administration Trump selon lesquelles son action contre l’Iran devrait avoir relativement peu de répercussions internationales”.
“Un risque de confrontation accru”
Aux États-Unis, “certaines voix critiques estiment que cette demande vise à obtenir la capitulation de Téhéran et à accroître la possibilité d’une confrontation”, note leWashington Post.
“Trump semble étrangement déterminé à adopter cette politique destructrice alors même qu’elle menace la sécurité américaine et va forcer les électeurs américains à payer de leur poche la hausse du prix de l’essence”, souligne le président du Conseil national américano-iranien, Jamal Abdi, cité par le quotidien américain.