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Migration: plus de 11 600 enfants non accompagnés ont traversé la Méditerranée pour rallier l’Italie (Unicef)

– Entre janvier et mi-septembre 2023, ce qui représente une augmentation de 60 % par rapport à la même période en 2022, où environ 7 200 mineurs non accompagnés ou séparés avaient effectué la traversée

Plus de 11 600 enfants ont traversé la Méditerranée centrale pour rallier l’Italie sans leurs parents ou tuteurs légaux entre janvier et mi-septembre 2023, a annoncé ce vendredi, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

Par voie de communiqué, l’Unicef a souligné que ce chiffre « représente une augmentation de 60 % par rapport à la même période l’année dernière », où près de 7 200 mineurs non accompagnés ou séparés avaient tenté la traversée.

Lampedusa, petite île du sud de l’Italie, connaît un afflux massif de migrants, le nombre d’arrivées ayant atteint son maximum ce mois-ci, avec 4 800 personnes arrivées en une seule journée, tandis que près de 130 000 migrants irréguliers ont rallié les côtes italiennes depuis le début de l’année, selon le ministère italien de l’Intérieur.

Les enfants qui entreprennent seuls ces traversées périlleuses embarquent souvent dans des canots pneumatiques surchargés ou dans des embarcations de fortune, souligne l’Unicef, qui ajoute que « L’absence de capacités de recherche et de sauvetage coordonnées et adéquates à l’échelle régionale et de coopération en mer au moment du débarquement aggrave les dangers auxquels ces enfants se confrontés lors de la traversée ».

La guerre, les conflits, la violence et la pauvreté sont les principales causes qui poussent les enfants à quitter seuls leur pays d’origine, explique l’Unicef. « Ces mineurs non accompagnés sont exposés à des risques d’exploitation et d’abus à chaque étape de leur périple, les filles et les enfants d’Afrique subsaharienne étant les plus susceptibles d’être exposés à ces violences », ajoute l’agence des Nations unies.

Entre juin et août 2023, « au moins 990 personnes, dont des enfants, ont péri ou disparu alors qu’elles tentaient de traverser la Méditerranée centrale, soit trois fois plus qu’au cours de la même période de l’année dernière, où au moins 334 migrants avaient perdu la vie », déplore l’Unicef.

Les enfants qui survivent à la traversée sont d’abord détenus dans des centres appelés « hotspots » avant d’être transférés dans des structures d’accueil indique l’Unicef. Plus de 21 700 enfants non accompagnés se trouvent actuellement dans ces centres en Italie, contre 17 700 en 2022.

« La mer Méditerranée est devenue un cimetière pour les enfants et leur avenir. Le bilan tragique des enfants morts en quête d’asile et de sécurité en Europe est le résultat de choix politiques et d’un système migratoire défaillant« , a fait observer, Regina De Dominicis, directrice régionale de l’Unicef pour l’Europe et l’Asie centrale et coordinatrice spéciale pour la réponse aux réfugiés et aux migrants en Europe.

Regina De Dominicis souligne que « L’adoption d’une réponse à l’échelle européenne pour soutenir les enfants et les familles en quête d’asile et de sécurité et une augmentation soutenue de l’aide internationale pour soutenir les pays confrontés à des crises multiples, sont absolument nécessaires pour éviter que davantage d’enfants ne souffrent ».

AA

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L’Algérie met brusquement fin à l’enseignement des programmes scolaires français dans les écoles privées

Il y a quelques semaines, juste avant la rentrée scolaire du 19 septembre, un établissement privé algérien a été sommé par les autorités algériennes de ne plus enseigner le programme français aux élèves sous peine de sanctions. « Nous sommes dans le flou », soupire une professeure algérienne d’histoire qui y enseigne et qui, comme d’autres personnes interrogées, a requis l’anonymat. D’autres écoles à travers le pays sont dans le même cas. « Un coup de massue, résume une directrice. On ne sait pas quoi faire. »

Jusqu’à cette rentrée, certaines écoles privées – l’Algérie en compte 586, selon un chiffre avancé par le ministre de l’éducation nationale, Abdelhakim Belabed, en 2021 – pouvaient en effet proposer aux élèves de suivre le programme français en plus du cursus national obligatoire en arabe. Un double programme jamais autorisé par la loi, mais toléré au grand jour « avec la complicité des autorités », affirme un directeur.

Les vingt-deux écoles qui échangeaient avec l’ambassade de France à travers un label délivré par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) ont été particulièrement visées. Début août, ces établissements ont reçu un premier courrier, parfois transmis par un huissier de justice, informe une source, les « sommant de se retirer de ce label » sous peine de fermeture ou de poursuites pénales.

« On s’est exécutés », relate un directeur qui ne comprend toujours pas comment, ni pourquoi, une telle décision a été prise. D’autant plus qu’en juillet, son groupe scolaire avait reçu la visite « très ordinaire » d’une commission composée d’un représentant du wali (le préfet), de l’éducation nationale et d’un gendarme. Une inspection comme il en existe tant, notamment dans les villas aménagées en écoles devant répondre à certaines normes. « Tout était cordial, assure ce directeur. Il n’y avait pas de climat d’inquisition. On m’a juste demandé si j’avais le label. A la fin de la visite, on n’était pas inquiet. Alors, pourquoi une telle interdiction ? »

« Ça n’a pas plu aux autorités »

En 2021, après les déclarations d’Emmanuel Macron sur le « système politico-militaire » algérien qui ont provoqué une grave crise diplomatique entre Paris et Alger, des inspecteurs de l’éducation nationale avaient déjà multiplié les contrôles inopinés dans les écoles privées pour s’assurer que le cursus national était bien enseigné et les pousser à abandonner le programme français. Certains établissements avaient choisi d’obtempérer, d’autres s’étaient résolus à fermer ou à changer de statut, passant de l’éducation à la formation, avec le risque que des élèves se retrouvent déscolarisés.

Au même moment, l’anglais commence à être imposé au sein d’institutions publiques dans le but de remplacer le français. La langue n’a, toutefois, pas été bannie : dans les écoles publiques et privées, elle continue d’être enseignée à raison de cinq heures par semaine.

L’interdiction soudaine du programme français dans les établissements privés, s’il est un symptôme des tensions entre Paris et Alger, répond aussi à la volonté de mettre fin aux abus commis par certaines écoles, qui ont privilégié les matières françaises au détriment du programme algérien. Un enseignement parfois dispensé « de manière exclusive », reconnaît un professeur qui travaille dans le public et le privé. « Dans ces écoles, lors des inspections, il fallait cacher les manuels en français, ne pas les mettre dans les cartables des enfants car on pouvait les fouiller », confie-t-il. « Des élèves ne se présentaient pas au brevet ou au bac algérien, uniquement aux examens français, ça n’a pas plu aux autorités », ajoute une enseignante.

« Le CNED, c’était un visa pour eux »

Pour beaucoup de familles, une telle annonce représente un choc. Face à l’absence de communication officielle, les parents d’élèves pensaient au départ qu’il s’agissait d’une simple rumeur. Aujourd’hui, ils sont désemparés. C’est le cas de Khelaf. Ce quadragénaire a dû quitter Alger pour s’installer à Tizi Ouzou, à 100 kilomètres, afin d’inscrire sa fille de 6 ans dans une école privée qui dispense le programme français. « Cet été, toutes les écoles de la capitale m’ont envoyé balader. On m’a fait comprendre que de récentes instructions reçues leur interdisaient formellement de l’enseigner, raconte-t-il. A Tizi Ouzou, on m’avait assuré au moment de l’inscription que ça passerait. L’école pensait pouvoir contourner l’instruction. » Mais le jour de la rentrée, l’établissement n’a pas été en mesure de proposer le programme français.

La décision des autorités algériennes est d’autant plus mal ressentie qu’elle coïncide avec une autre réforme, française cette fois, concernant le Centre national d’enseignement à distance (CNED). Jusqu’à cette rentrée, les Algériens pouvaient s’y inscrire et passer le bac français par le CNED réglementé, ce qui leur ouvrait la possibilité de s’inscrire directement sur la plate-forme Parcoursup pour accéder à l’enseignement supérieur français. Quelque 3 000 élèves en Algérie étaient concernés, le plus important contingent au monde. « Le CNED, c’était un visa pour eux », lance un enseignant. Le nouveau système ne le permet plus.

« Au final, la victime est l’élève algérien, tonne une enseignante. Beaucoup ne maîtrisent pas l’arabe parce qu’ils n’ont suivi que le programme français. Pour les primaires, c’est récupérable. Mais les collégiens ou les lycéens ne seront pas en mesure de suivre le cursus national. » Pour continuer à étudier le programme français, des cours sont désormais organisés dans des maisons de parents ou lorsqu’il n’y a pas classe. On envoie aussi les extraits de manuels français sur les téléphones par précaution. Tout se fait en cachette. On évoque aussi « l’idéologie » et « l’hypocrisie » des dirigeants du « système » qui, chaque rentrée scolaire, multiplient les sollicitations pour inscrire leurs enfants au lycée international français Alexandre-Dumas, à Alger.

Dans cet établissement qui compte 2 183 élèves, dont 1 008 Français incluant 855 binationaux, la pression est extrême : jusqu’à 56 demandes pour une place pour certaines classes. Pour faire face à cette explosion, la France a, selon nos informations, proposé aux autorités algériennes d’ouvrir un second lycée français à Alger. Pour l’instant, les discussions n’ont pas abouti.

Le monde

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Nouvelles dynamiques au Niger et dans le Sahel après la France (OPINION)

– Bien que la politique africaine de la France ait connu de nombreux échecs et résistances depuis 2017, Paris doit encore évaluer les stratégies, instruments et discours qui pourraient conduire à des changements fondamentaux dans sa politique

 

Nebahat Tanriverdi Yasar a analysé le retrait des forces armées françaises du Niger et la nouvelle dynamique qui en découle, pour le compte d’AA Analyses.

***

Après des semaines de tensions avec la junte militaire au Niger, le président français Emmanuel Macron a annoncé dans une interview télévisée dimanche soir que les forces armées françaises se retireraient du pays d’ici la fin de l’année. Il y a tout juste deux semaines, Macron avait fait part aux ambassadeurs français de son engagement à défendre la démocratie au Niger. Toutefois, au fil des événements, la position de la France est devenue insoutenable.

– Le chemin qui a mené au retrait

Tout d’abord, la tension diplomatique entre la France et le régime militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum au Niger le 26 juillet s’est transformée en une crise à somme nulle. La junte militaire nigérienne annonce l’annulation des accords militaires avec la France et exige le départ de la mission militaire et diplomatique française [1].

La France, quant à elle, a rejeté ces demandes au motif qu’elle ne reconnaissait pas la junte comme représentant légitime du Niger [2]. Les tensions ont été exacerbées par les livraisons militaires de la France aux principaux États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), notamment le Sénégal, le Bénin et la Côte d’Ivoire. Le général Abdurrahmane Tchiani a affirmé que la France se préparait à une intervention militaire au Niger et avait déployé deux avions de transport militaire, un Dornier 328, deux hélicoptères polyvalents super PUMA et 40 véhicules blindés au Bénin depuis le 1er septembre, et qu’un navire de guerre français avait amené du personnel militaire au Bénin le 7 septembre [3].

Contrairement à ce qui s’est passé au Mali et au Burkina Faso, la France espérait que cette fois-ci, en raison de la réaction régionale et internationale, le coup d’État militaire pourrait être contré et Mohamed Bazoum rétabli dans ses fonctions. Cependant, la politique de la France, consistant à mobiliser l’ensemble du processus autour de l’option de l’intervention militaire au détriment des négociations diplomatiques [4], n’a pas trouvé le soutien qu’elle espérait de la part de ses alliés [5]. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré à plusieurs reprises et de manière explicite que la diplomatie était le meilleur moyen de résoudre la situation au Niger, indiquant ainsi que les États-Unis ne privilégiaient pas les options militaires. De plus, pour les pays d’Europe de l’Est, qui avaient précédemment proposé d’envoyer des troupes au Mali, une éventuelle escalade militaire en Afrique n’est plus envisageable en raison de la guerre en cours en Ukraine. Les partenaires européens tels que l’Italie et l’Allemagne veulent également éviter toute mesure qui les obligerait à rompre leurs relations diplomatiques avec le Niger, car la rupture des liens avec Niamey risquerait également de compromettre la lutte contre la crise migratoire croissante en Europe. Les routes migratoires actives de l’Afrique vers la Méditerranée passent par le Niger et ils doivent continuer à coopérer avec le Niger pour surveiller ces routes.

D’autre part, le fait que la France ait fermé la porte aux négociations diplomatiques et à la diplomatie détournée a considérablement limité la marge de manœuvre de ses alliés, en particulier des États-Unis. À cet égard, le retrait par la France de son personnel militaire et diplomatique du pays pourrait rendre les conditions relativement plus favorables pour les États-Unis et les pays de l’Union européenne (UE) qui cherchent à trouver un terrain d’entente par la diplomatie.

– Que feront les troupes françaises après le retrait ?

D’autre part, le retrait des troupes françaises du Niger pose un certain nombre de problèmes logistiques. Le premier d’entre eux est qu’il est très difficile de réaliser le retrait en seulement trois mois. La France a commencé l’évacuation de ses 5 000 soldats au Mali à la fin de 2021 et n’a pu achever le retrait qu’en août 2022 [6]. L’espace aérien du Niger étant interdit aux avions français, Paris devra négocier avec le gouvernement nigérien pour l’évacuation par voie aérienne [7]. De même, les itinéraires terrestres et les méthodes d’évacuation devront être négociés, car tous les équipements militaires lourds, y compris les véhicules de combat, les terminaux aériens mobiles et les hélicoptères, doivent être retirés par voie terrestre.

Le deuxième problème est l’incertitude quant au lieu de déploiement des troupes françaises retirées du Niger ou à leur retour en France. Après les coups d’État au Mali et au Burkina Faso, la France a transféré une partie de ses troupes de ces deux pays vers le Niger. À cet égard, le Niger est devenu la principale base du retrait de la France dans la région, qui a commencé ces dernières années. En outre, le Niger était censé être le principal centre des missions de sécurité des États-Unis, de la France et de l’UE [8].

Dans le cas de la France, il est possible que les troupes françaises retirées du Niger soient transférées dans des pays tels que le Tchad, le Gabon et le Bénin, où se trouvent des bases françaises. Si elles reviennent en France au lieu d’être déplacées, cette préférence politique marquera également un changement dans la stratégie de la France en Afrique. Bien que la politique africaine de la France ait connu de nombreux échecs et résistances depuis 2017, Paris n’a pas encore procédé à une évaluation de la stratégie, des outils et du discours qui pourrait conduire à des changements radicaux dans sa politique africaine. En tout état de cause, le retrait français du Niger éloignera davantage la présence militaire occidentale au Sahel central.

 

– Nouvelles dynamiques dans le Niger de l’après-France

 

Il est trop tôt pour dire si le départ de la France du Niger entraînera une aggravation de l’insécurité au Niger et au Sahel. Au Mali voisin, le départ des troupes étrangères et des Nations unies a été suivi d’une forte augmentation de la violence de la part des groupes terroristes radicaux. Selon l’indice mondial du terrorisme, le nombre de décès liés au terrorisme a chuté de 79 % au Niger l’année dernière, tandis que le Mali et le Burkina Faso voisins sont devenus les deux endroits les plus meurtriers pour les attaques terroristes. Ces deux pays ont été à l’origine de 90 % de toutes les attaques terroristes perpétrées par des organisations extrémistes au Sahel l’année dernière. En 2022, le Burkina Faso est devenu le deuxième pays le plus touché par le terrorisme dans le monde après l’Afghanistan, et le Mali le quatrième [9].

Cependant, il existe des différences fondamentales entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Au Niger, les forces armées sont les principaux acteurs de la lutte contre le terrorisme, et la France et les États-Unis fournissent généralement un soutien opérationnel sur le terrain. Par conséquent, les forces armées nigériennes disposent de meilleures capacités militaires et d’une plus grande expérience en matière de lutte contre le terrorisme [10]. De plus, l’armée exerce un contrôle territorial au Niger. Par conséquent, alors que la situation sécuritaire dans ces deux pays s’est considérablement détériorée après le retrait du soutien militaire international et régional, le Niger pourrait échapper à ce sort.

Néanmoins, les perspectives d’une lutte efficace contre le terrorisme de la part de la nouvelle administration nigérienne restent incertaines. Il est fort possible que la junte concentre son attention sur la lutte pour le pouvoir dans la capitale et que les efforts de lutte contre le terrorisme soient relégués à l’arrière-plan en raison de la légitimité du coup d’État militaire et des divisions internes au sein de l’armée. En outre, les divisions internes entre la garde présidentielle et les forces armées nigériennes, semblables à celles du Soudan, pourraient devenir évidentes. La façon dont la junte planifiera la période de transition sera donc largement déterminante.

Dans ce qui pourrait être un tournant important pour la région, suite à la menace d’intervention militaire de la CEDEAO, les trois pays de la junte militaire ont convenu, le 16 septembre, de s’entraider pour lutter contre les insurrections armées et les agressions extérieures. Le manque de coopération entre les trois pays était l’une des raisons pour lesquelles les groupes terroristes pouvaient facilement se déplacer d’une région à l’autre. Jusqu’à présent, les trois pays ont mené des opérations militaires conjointes. Cette coopération accrue pourrait exercer une réelle pression sur les groupes terroristes dans la région. L’impact négatif des sanctions imposées par la CEDEAO s’accroît, ce qui pourrait conduire à la consolidation du régime putschiste plutôt que de susciter la colère populaire contre lui à l’intérieur du pays, tandis qu’au niveau régional, cela pourrait renforcer ce rapprochement militaire régional nouvellement établi [10].

Le Niger, quant à lui, devrait suivre les traces du Mali et du Burkina Faso en signant un accord avec Wagner pour recevoir le soutien sécuritaire dont il a besoin de la part de la Russie [11]. Cependant, la décision de Moscou d’intégrer les troupes de Wagner dans l’armée aura sans aucun doute des implications importantes sur la décision future du Niger et sur le caractère de la coopération nigéro-russe. Le sentiment que la Russie perd de son pouvoir et de son influence dans de nombreuses régions où elle promettait sécurité et protection pourrait également ouvrir de nouvelles perspectives à la Chine, une autre grande puissance active en Afrique. Cela est confirmé par la visite amicale de la marine chinoise au Nigeria [12], les projets de coopération économique avec le Niger [13] et, plus récemment, l’offre de médiation [14].

 

AA / Nebahat Tanriverdi Yasar

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Le Niger interdit le survol de son espace aérien aux avions français

Après avoir fermé son espace aérien pendant un mois, le Niger l’avait rouvert début septembre. Le régime issu d’un coup d’État militaire cible cette fois uniquement les avions français. Air France ne survole pas actuellement le Niger avec ses avions.

Le régime militaire au pouvoir au Niger a interdit son espace aérien aux «avions français», selon un message aux navigants aériens consulté dimanche sur le site de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique (Asecna).

L’espace aérien du Niger «est ouvert à tous les vols commerciaux nationaux et internationaux à l’exception des avions français ou des avions affrétés par la France, dont ceux de la flotte d’Air France», précise ce texte daté de samedi soir.

Interrogée par l’AFP, Air France a simplement indiqué qu’elle ne «survole pas l’espace aérien du Niger» actuellement. L’entreprise française, principale compagnie aérienne reliant l’Europe et l’Afrique, a par ailleurs suspendu depuis le 7 août ses vols à destination de Niamey (4 vols par semaine), jusqu’à nouvel ordre.

Le régime militaire issu d’un coup d’État au Niger avait décidé de rouvrir, début septembre, son espace aérien aux vols commerciaux, alors que celui-ci était fermé depuis le 6 août, quelques jours après le coup d’État. C’est ce qu’avait déclaré le 4 septembre un porte-parole du ministère des Transports, en précisant que les services au sol avaient également repris. Mais «l’espace aérien reste toujours fermé à tous les vols militaires opérationnels et autres vols spéciaux qui ne sont autorisés que sous réserve d’autorisations préalable des autorités compétentes», avait-il ajouté.

Cette restriction cible donc désormais seulement la France, alors que les relations entre Paris et le régime issu du coup d’État militaire sont très tendues. Le président français Emmanuel Macron avait déclaré mi-septembre que l’ambassadeur de France au Niger était pris en «otage» par les militaires au pouvoir.

Les militaires, qui ont renversé le président Mohamed Bazoum et pris le pouvoir le 26 juillet, avaient ordonné fin août l’expulsion de l’ambassadeur de France, après le refus de Paris de se conformer à un ultimatum exigeant son départ. La France continue depuis de s’opposer à ce départ, arguant que ce gouvernement n’avait aucune autorité pour fonder une telle requête.

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Au Mali, 8 ans après la signature de l’Accord d’Alger, où en est la mise en œuvre ?

En juin 2015, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus de paix d’Alger, a été signé par le gouvernement malien et les groupes armés du Nord du pays, la Plateforme, alliée au gouvernement, et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), fédération de mouvements entrés en rébellion contre l’Etat malien.

Apres trois années de conflit et moins d’un an de négociations, le texte définitif instaurant la paix au nord du Mali a été signé à Bamako, sous la supervision d’une équipe de médiation internationale emmenée par l’Algérie et qui comprenait, entre autres, la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Union africaine, l’Union européenne, ainsi que les Etats-Unis et la France.

L’accord prévoit notamment de rétablir la paix au Mali par une décentralisation soutenue (dite « régionalisation »), la création d’une armée reconstituée intégrant les anciens groupes armés signataires, et des mesures de développement économique spécifiques au Nord du pays, le tout appuyé par un effort de dialogue, de justice et de réconciliation nationale.

Sidi Brahim Ould Sidati photographié le 20 juin 2015.

CRÉDIT PHOTO,AFP

Légende image,Sidi Brahim Ould Sidati, président en exercice de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) signe le document final à Bamako, le 20 juin 2015.

Qui sont les principaux protagonistes ?

L’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, a été formellement signé le 15 mai 2015 par le gouvernement malien et deux coalitions de groupes armés du Nord, la Plateforme (alliée de Bamako) et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), une alliance de groupes armés rebelles touareg et arabes regroupant le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA).

Les autres groupes de la CMA ont signé l’accord le 20 juin 2015.

Les principaux acteurs non gouvernementaux dans le processus de paix sont la CMA et la Plateforme. La CMA est composée du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), d’une faction de la Coalition du peuple de l’Azawad (CPA) et d’un groupe dissident de la Coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance (CMFPR-II).

La Plateforme est composée de la Coordination des Mouvements et Fronts Patriotiques de Résistance (CMFPR-I), du Groupe d’Autodéfense Touareg Imghad et Alliés (GATIA) et de groupes dissidents du CPA et du MAA.

Le document vise principalement à changer l’architecture institutionnelle du Mali et à intégrer les ex-combattants dans l’armée ou l’administration ou à les aider à s’insérer socialement et économiquement.

Il accorde une plus grande autonomie à la région peu peuplée du nord du Mali, et permet un retour à une normalisation des rapports entre la 8e région du Mali, la zone de Ménaka et l’État malien.

Bilal Ag Chérif, secrétaire général de la CMA, au moment du paraphe du projet d'accord de paix , le 14 mai 2015 à Alger.

CRÉDIT PHOTO,REUTERS

Légende image,Bilal Ag Chérif, secrétaire général de la CMA, paraphe le projet d’accord de paix , le 14 mai 2015 à Alger.

Le texte de 42 pages comporte un préambule, sept Titres, 68 Articles et quatre Annexes renvoyant aux thématiques qui ont présidé à tout le processus de négociation (Réformes politiques et institutionnelles, Défense et sécurité, Développement, Réconciliation et Justice transitionnelle).

Selon le document officiel, les deux parties signataires ont convenu d’observer une cessation immédiate de toutes formes de violences, et de s’abstenir de tout acte ou propos provocateurs.

Les groupes armés s’étaient engagés à renoncer à leur ambition d’indépendance et de fédéralisme et à respecter l’unité nationale et l’intégrité territoriale.

Pour sa part, l’Etat malien s’était engagé à appliquer toutes les dispositions de l’accord, en accélérant le processus DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion).

L’accord de paix scellait ainsi le cessez-le-feu entre les groupes armés indépendantistes du Nord et le gouvernement malien, contre qui les premiers s’étaient rebellés en 2012.

Le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, lors de la signature de l'accord de paix à Bamako, le 15 mai 2015.

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Légende image,Le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, lors de la signature de l’accord de paix à Bamako, le 15 mai 2015.

Quel mécanisme de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre ?

Dès l’adoption du texte, un comité de suivi a été installé, composé de quatre commissions thématiques pour décider des prochaines échéances et pour organiser les modalités de mise en œuvre de l’accord.

Toutes les parties étaient représentées au sein du comité de suivi, notamment la partie gouvernementale, les anciens rebelles et les médiateurs, y compris l’Algérie et les cinq pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats Unis, France, Chine, Russie et Royaume-Uni).

Parmi les priorités, figurent la question délicate du désarmement, la reconstruction ou encore la formation de la nouvelle armée nationale, notamment au nord avec une cohabitation entre soldats gouvernementaux et ex-rebelles.

Les premières incompréhensions ont vu le jour dès les premières heures de l’Accord.

D’une part, l’Etat malien insiste notamment sur la perspective d’un déploiement prochain de l’armée et sur la gestion un désarmement des anciens rebelles.

D’autre part, la CMA composée de plusieurs mouvements armés séparatistes, qui revendiquent, depuis 2012, une meilleure intégration politique et économique des régions du nord du Mali, et dont la priorité est de fixer les modalités d’une mise en œuvre effective de l’un des piliers de l’accord à savoir le désarmement des anciens rebelles et leur réintégration dans les forces armées loyales.

Tous les observateurs rappellent qu’une mise en œuvre de l’accord ne saurait étre faite sans l’engagement des parties signataires elles-mêmes.

Qu’est-ce qui a été fait et que prévoit l’accord ?

Des combattants touaregs de la CMA à Kidal

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Légende image,Des combattants touaregs de la CMA conduisent près de Kidal, dans le nord du Mali, en 2016.

L’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali est structuré autour de cinq points principaux à savoir les questions politiques et institutionnelles (une décentralisation soutenue dite régionalisation ), les questions économiques et de développement (la mise en œuvre de programmes de développement économique spécifiques au Nord du pays), le Processus de Désarmementde Démobilisation, et de Réinsertion (DDR), la réforme du secteur de la Défense et de la Sécurité (la création d’une armée reconstituée intégrant les anciens groupes armés signataires) et l’unité nationale par le volet dialogue, justice et réconciliation nationale pour favoriser la cohésion et la réconciliation entre Maliens.

L’accord de paix prévoit notamment des mesures de décentralisation et l’intégration d’ex-rebelles dans l’armée nationale.

Huit ans après la cérémonie de signature en juin 2015, le processus de suivi de la mise en œuvre de l’accord est au point mort.

Selon le Centre Carter, investi fin 2017 du rôle d’observateur indépendant au Mali, le processus de mise en œuvre de l’accord ne progresse quasiment pas : moins de 30 % des dispositions de l’accord étaient mis en œuvre en 2022. Aucun des cinq piliers sur lesquels se fonde l’accord n’a été appliqué de façon satisfaisante.

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) déplore l’absence de véritables avancées dans son application. Les groupes armés reprochent aux autorités militaires de transition de ne rien faire en faveur de sa mise en œuvre.

Des soldats de la CMA, près de Kidal

CRÉDIT PHOTO,AFP

Légende image,Des soldats de la CMA, près de Kidal

L’application de cet accord est considérée comme vitale pour restaurer définitivement la paix au Mali et sortir le pays de la crise dans laquelle il s’enfonce.

Le géopolitologue et expert des groupes extrémistes au Sahel Dr. Alpha Alhadi Koïna, estime que :

« Les groupes armés attribuent aux militaires, l’intention de revenir sur certaines clauses de l’accord en l’occurrence celles qui prévoient une décentralisation poussée dans les régions du Nord. Ils mettent en garde contre une révision des points d’entente. »

Quels sont les risques d’une rupture de l’accord ?

La non application des dispositions de l’Accord d’Alger a favorisé une reprise des attaques jihadistes et une confrontation entre les différents groupes armés.

Dans une impasse depuis plus d’un an, l’accord de paix conclu en 2015 n’a jamais paru aussi menacé. La CMA reproche à la junte son manque de volonté politique pour faire appliquer les dispositions de l’Accord.

« Nous n’avons pas posé des actes qui traitent du fond de l’accord, avec la question de la nouvelle constitution et du DDR, nous espérions que cette fois ci les questions de fond seraient traités malheureusement nous sommes restés dans le superficiel durant les huit dernières années. », estime Attaye Ag Mohamed, chef de la délégation de la CMA au Comité de suivi de l’Accord d’Alger.

Selon la CMA, la junte a fait approuver en juin une nouvelle Constitution qui compromet sérieusement l’accord d’Alger.

La situation sécuritaire dans le nord du pays s’est considérablement dégradée depuis le début du mois de septembre 2023 , avec la multiplication des attaques djihadistes visant des positions des Forces armées maliennes (FAMa) mais aussi des civils.

La Coordination des mouvements de l’Azawad qui s’était déclarée « en temps de guerre » avec la junte au pouvoir, mène des actions dans le but d’empêcher la perte des zones qu’elle contrôle dans le nord du pays, alors que l’armée s’apprête à reprendre les camps de la Minusma dans la région de Kidal.

Dans un communiqué en date du 28 Août 2023 et signé du ministre de la Réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, le colonel-major Ismaël Wagué, les autorités maliennes ont appelé les principaux mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, à poursuivre le dialogue.

Le gouvernement malien se dit « attaché à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali » ainsi qu’à « l’accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 ».

Le ministre a invité les groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger à revenir à la table des négociations en vue de surmonter les défis actuels par voie de dialogue.

Communiqué du ministre de la Réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, le colonel-major Ismaël Wagué.

CRÉDIT PHOTO,TWITTER MINISTRE DE LA RECONCILIATION, DE LA PAIX ET DE LA COHESION NATIONALE DU MALI

Légende image,Le gouvernement malien se dit « attaché à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali » ainsi qu’à « l’accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 ».

Pour l’expert des groupes extrémistes au Sahel Dr. Alpha Alhadi Koïna, la recrudescence de la violence ne favorise pas un dialogue entre les différentes parties, dans un contexte marqué par la rétrocession des camps de la Minusma à l’armée malienne et où la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et les forces armées maliennes, s’accusent mutuellement d’avoir ouvert les hostilités.

« Aujourd’hui les groupes armés ne veulent pas du tout laisser l’armée s’installer les zones qu’ils prétendent être leurs fiefs, telles que Ber. Aujourd’hui, l’armée est prête à tout pour asseoir l’intégrité du territoire en reprenant des zones comme Aguelhok, Tessalit et Kidal. Donc oui, le risque d’affrontements est réel et il est urgent pour toutes les parties de renouer le dialogue et d’ouvrir les négociations pour ramener la paix », déclare-t-il.

Dr. Alpha Alhadi Koïna

CRÉDIT PHOTO,DR. ALPHA ALHADI KOÏNA

Légende image,Dr. Alpha Alhadi Koïna, expert des groupes extrémistes au Sahel.

Dans un communiqué en date du 10 septembre, le Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), regroupant la CMA et d’autres mouvements signataires de l’Accord pour la paix, déclare « adopter dorénavant toutes mesures de légitime défense contre les forces de cette junte partout sur l’ensemble du territoire de l’Azawad ».

Le CSP-PSD désigne la junte au pouvoir à Bamako comme « seule responsable des conséquences graves qu’engendrera sa stratégie actuelle de rompre le cessez-le feu ».

La situation humanitaire et sécuritaire demeure plus que jamais fragile et les récentes événements de Léré dans la région de Tombouctou, ne sont pas pour arranger la situation.

Le secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Acherif (à gauche), et le ministre algérien des Affaires étrangères de l’époque, Ramtane Lamamra, le 19 février 2015 à Alger.

CRÉDIT PHOTO,AFP

Légende image,Le secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Acherif (à gauche), et le ministre algérien des Affaires étrangères de l’époque, Ramtane Lamamra, le 19 février 2015 à Alger.

Selon plusieurs observateurs, à défaut de pouvoir réécrire quelques articles de l’Accord qui pourraient mettre en cause le caractère unitaire du Mali, il serait possible de prendre des lois d’application rectifiant des points litigieux, avec l’accord des mouvements signataires.

« Les acteurs internationaux ne peuvent que soutenir l’Etat central dans sa démarche, est de récupérer tout le territoire et de désarmer les groupes terroristes », affirme Dr. Alpha Alhadi Koïna.

« Nous pensons que la communauté internationale a son rôle clairement défini à jouer comme l’Accord lui confie une tâche de garant, de suivi et de monitoring du processus de paix, mais aussi d’accompagnement sur le plan de la mobilisation des ressources. Elle a entamé ce qu’elle peut faire à travers la mission Onusienne qui est une mission multidimensionnelle intégrée financée aux frais des Nations Unies mais aussi par des contributions d’Etat et aussi à travers des programmes d’appui à la réforme du secteur de la sécurité, et avec des fonds de la Banque Mondiale, mais ce n’est clairement pas suffisant au regard de la situation actuelle. A mon avis, la Communauté Internationale subit clairement l’absence de volonté politique des autorités de transition », a déclaré Attaye Ag Mohamed à la BBC.

BBC

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Qui sont les prisonniers que Téhéran et Washington vont échanger ?

La date limite pour la mise en œuvre d’un accord d’échange de prisonniers entre l’Iran et les États-Unis, qui comprend la libération des fonds iraniens détenus à l’étranger, approche, selon Reuters.

L’agence a cité des sources iraniennes et autres proches des négociations disant qu’un montant de six milliards de dollars serait transféré et que des prisonniers seraient échangés au début de la semaine prochaine.

Selon des sources de Bloomberg, l’accord devrait avoir avant le début de l’Assemblée générale des Nations Unies mardi.

La Corée du Sud a gelé ces fonds depuis que les États-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018 de l’accord sur le programme nucléaire de Téhéran et ont réimposé des sanctions à son encontre.

Quels sont les détails des négociations ?

 

L’accord a été annoncé le 10 août dernier après des négociations secrètes négociées par le Qatar et prévoit la libération de cinq prisonniers américains détenus en République islamique.

Les cinq Américains ont été détenus en Iran pendant environ huit ans et tous sont d’origine iranienne, mais Téhéran ne reconnaît pas ceux qui possèdent la double nationalité.

Ces Américains sont Siamak Namazi, Murad Tahbaz, Imad Sharqi et deux autres qui ne souhaitent pas révéler leur identité.

En échange, les États-Unis libéreront cinq Iraniens emprisonnés sur la base de « fausses » accusations, selon ce que dit Téhéran : il s’agit de Lotfollah Kaveh Afrasiabi, Mehrdad Moin Ansari, Amin Hassanzadeh, Reza Sarhanakpour Kafrani et Kambiz Attar Kashani.

Les fonds iraniens qui seront débloqués s’élèvent à six milliards de dollars, qui sont des actifs collectés par Téhéran grâce à la vente de son pétrole, et seront transférés sur un compte spécial au Qatar.

Washington souligne que cet argent n’est pas une « rançon » et qu’il est exclusivement destiné à l’achat par l’Iran de nourriture, de médicaments et d’autres biens humanitaires qui ne sont pas couverts par les sanctions américaines.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, a déclaré : « Si l’Iran tente de détourner des fonds (à d’autres fins), nous prendrons des mesures et les gèlerons à nouveau. »

Il a expliqué que débloquer ces fonds ne signifie pas lever les sanctions imposées à Téhéran.

Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a signé une dérogation protégeant les banques participant au processus de transfert des sanctions américaines.

De son côté, l’Iran estime pouvoir acheter « tout bien non soumis aux sanctions », et pas seulement « des médicaments et des denrées alimentaires ».

En 2015, l’Iran a signé un accord à long terme concernant son programme nucléaire avec les cinq puissances mondiales, à savoir les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Chine, la Russie et l’Allemagne.

Mais l’accord s’est effondré après que l’administration du président Donald Trump s’en soit retiré, et les tensions sont revenues assombrir les relations entre les deux parties, culminant avec l’assassinat par les États-Unis de l’éminent commandant militaire iranien Qassem Soleimani à Bagdad début 2020, et l’Iran a répondu. en détruisant la base d’Ain al-Assad, qui contient les forces américaines dans l’Anbar, à l’ouest de l’Irak.

Echanges de prisonniers entre les Etats Unis et l'Iran

CRÉDIT PHOTO,VOICE OF AMERICA – DÉPARTEMENT PERSAN

Légende image,Accord d’échanges de prisonniers entre les États-Unis et l’Iran. 

Quelles sont les implications de l’accord ?

 

Le président américain Joe Biden a repris les négociations avec Téhéran après avoir remporté les élections, et ce dernier, qui souffre de graves sanctions qui ont épuisé son économie, s’est montré disposé à le faire.

Après des négociations indirectes qui ont duré environ un an dans la ville suisse de Vienne, les grandes lignes ont été convenues.

Les négociations ont été gelées pour de nombreuses raisons, notamment le différend entre les deux pays sur le refus de l’Iran de revenir au taux d’enrichissement de l’uranium qu’il avait atteint en 2015.l’accord sur le nucléaire a été fixé à 3,67%, et porté à 60%.

A noter que ce sont les Etats-Unis qui ont violé l’accord. Ce que Washington craignait, c’était de réduire la « période de percée » nécessaire à la création d’une arme nucléaire.

L’Iran a également demandé que les Gardiens de la révolution soient retirés de la liste des organisations terroristes étrangères, en plus d’exiger des garanties de ne pas se retirer à nouveau de l’accord.

L’arrêt des négociations est également dû à l’invasion russe de l’Ukraine, qui a assombri la situation.

Malgré cela, les deux pays ont ensuite repris les négociations au Sultanat d’Oman, qui a accueilli les négociations entre eux avant l’accord nucléaire de 2015.

Quant à l’accord d’échange, il est considéré comme une tentative des deux pays d’apaiser les tensions entre eux, et il pourrait constituer une étape sur le chemin du retour à un accord plus large incluant d’autres pays.

Les observateurs ont également considéré cela comme une nouvelle indication d’un changement dans la politique iranienne, qui s’est orientée vers « l’offre d’incitations », comme en témoigne la « conclusion d’un accord avec l’Arabie saoudite par la médiation chinoise, dans lequel Riyad récolte plus d’avantages que Téhéran », selon Foreign Policy.

Nasser Kanani

CRÉDIT PHOTO,AFP

Légende image,Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Nasser Kanani, au cours d’une conférence de presse hebdomadaire. 

Qui sont les prisonniers iraniens ?

 

  • Lotfallah Kaveh Afrasiabi

Afrasiabi, 63 ans, qui possède la double nationalité iranienne et américaine, travaille comme professeur d’université aux États-Unis et a été arrêté pour avoir été secrètement embauché par Téhéran pour « promouvoir les activités illégales du gouvernement iranien » en 2021.

Les procureurs américains ont déclaré qu’Afrasiabi, qui a longtemps résidé dans le Massachusetts, a été accusé de « complot pour avoir agi en tant qu’agent étranger non enregistré au nom de l’Iran au cours des 14 dernières années ».

Afrasiabi a reçu au moins 265 000 dollars du gouvernement iranien et a également bénéficié d’une assurance maladie de Téhéran. En raison de ces accusations, il risque une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison, selon les autorités américaines.

  • Mehrdad Moin Ansari

Ansari, qui réside aux Émirats arabes unis et en Allemagne, a été condamné à cinq ans de prison en septembre 2021 pour violation de l’embargo commercial contre l’Iran.

Selon des documents judiciaires, les pièces qu’Ansari a obtenues ou tenté d’obtenir « auraient pu être utilisées pour fabriquer des armes nucléaires, guider et développer des missiles, ainsi qu’à d’autres fins militaires ».

  • Reza Sarhank Pour Kafrani

Résident de Montréal, au Canada, il a été accusé en juillet 2021 d’avoir exporté « illégalement » du matériel de laboratoire vers l’Iran en 2015.

  • Amin Hassanzadeh

Ingénieur résidant dans l’État américain du Michigan, âgé de 42 ans.

Il a été accusé en décembre 2020 d’avoir volé des informations confidentielles à son employeur et de les avoir transmises à son frère en Iran, qui y avait des liens avec l’armée.

  • Campyz Attar Kashani

Un citoyen américain d’origine iranienne a été condamné à 30 mois de prison et à une amende de 50 000 dollars pour complot en vue d’envoyer illégalement des produits et services technologiques américains en Iran, y compris à la banque centrale soumise à des sanctions internationales, par l’intermédiaire de deux sociétés écrans aux Émirats.

Campyz Attar Kashani

CRÉDIT PHOTO,JOMHOURIAT.IR

Légende image,Campyz Attar Kashani. 

Qui sont les prisonniers américains ?

 

La fille de Tahbaz tient sa photo devant le ministère britannique des Affaires étrangères à Londres

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Légende image,La fille de Tahbaz tient sa photo devant le ministère britannique des Affaires étrangères à Londres
  • Siamak Namazi

L’homme d’affaires irano-américain de 51 ans a été arrêté en 2015 pour espionnage. Son père, Baqir Namazi, un ancien responsable de l’UNICEF, a également été arrêté et reconnu coupable du même chef d’accusation, avant d’être exempté de purger sa peine en 2020 pour des raisons de santé, et de quitter l’Iran au bout de deux ans.

Siamak a été temporairement exempté de prison pour raisons médicales l’année dernière, avant d’être renvoyé en prison environ deux semaines après sa libération temporaire.

  • Murad Tahbaz

Tahbaz a été arrêté en 2018 et l’Iran l’a condamné pour des accusations liées à la sécurité nationale, après l’avoir arrêté lui et ses collègues de la Fondation persane du patrimoine faunique, pour avoir prétendument utilisé le projet environnemental comme couverture d’espionnage.

En mars 2022, les autorités ont libéré Tahbaz, mais l’ont de nouveau arrêté deux jours plus tard, le poussant à entamer une grève de la faim qui a duré une semaine.

Tahbaz, 70 ans, qui souffre d’un cancer, a été temporairement libéré de la prison d’Evin en Iran, selon sa fille, et a dû porter un bracelet de surveillance électronique à la cheville.

  • Imad Sharqi

L’homme d’affaires a été arrêté en 2018, deux ans après son arrivée en Iran dans le but d’investir, et condamné à dix ans de prison.

La sécurité iranienne l’a accusé d’espionnage dans le domaine militaire notamment et de collecte d’informations sur le domaine des hélicoptères, « dans le but de cibler la chaîne d’approvisionnement en pièces détachées pour les opérations de réparation d’hélicoptères.

BBC

 

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Les pays qui accueillent encore des bases militaires françaises en Afrique, et pourquoi

Depuis plusieurs années, une vague de contestation de la présence militaire française déferle en Afrique. Malgré ce nouveau phénomène populaire lié aux tensions politico-sécuritaires, de nombreux pays abritent encore des bases militaires françaises sur le continent.

Dans le cadre d’une coopération militaire avec certains pays anciennement colonisés qui sont aujourd’hui indépendants, la France a pu disposer en Afrique de plusieurs bases militaires avec des effectifs opérationnels en attente.

Alors que le Niger, l’un des derniers pays africains à connaitre un coup d’Etat militaire, est en pourparlers avancés pour le retrait rapide des troupes françaises de son territoire, ces dernières sont bien là, engagées dans la lutte terroriste.

Qu’est-ce qui explique cette présence militaire française dans ses anciennes colonies ?

 

L’origine des bases militaires françaises en Afrique

Légionnaires français à Tombouctou.

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Légende image,Des légionnaires français qui ont été parachutés à Tombouctou le 28 janvier 2013 pour reprendre la ville du nord du Mali, marchent le 30 janvier à l’aéroport de Tombouctou pour embarquer dans un avion qui les ramènera à leur base d’Abidjan.

Tony Chafer, Professeur d’études africaines et françaises au Centre de recherche en études européennes et internationales à l’université de Portsmouth au Royaume-Uni, nous fait un bref historique de la présence militaire française en Afrique.

« La France a signé des accords de coopération culturelle, technique et militaire et des accords de défense avec la plupart de ses anciennes colonies au moment de l’indépendance en 1960 », explique-t-il.

« En outre, des conseillers militaires ont été envoyés en Afrique pour travailler avec les gouvernements nouvellement indépendants. Les accords de défense ont défini le cadre dans lequel les interventions militaires françaises se sont déroulées en Afrique au cours de la période postcoloniale », pousuit-il.

« Avec une série d’accords bilatéraux de défense et d’assistance militaire signés avec ses anciennes colonies et jusqu’à 10 000 soldats stationnés ou participant à des opérations militaires dans ses anciennes colonies au cours des premières années suivant l’indépendance, la France a entrepris au moins 30 interventions militaires directes sur le continent entre 1964 et 1995 », renseigne le professeur Chafer.

Selon Chafer, la France a également « poursuivi une politique de substitution, plutôt que de partenariat, avec les forces militaires africaines dans sa sphère d’influence postcoloniale, le « pré carré » ».

Mais dans quels pays africains sont présentes ces bases militaires françaises, et pourquoi sont-elles là ?

Où se trouvent ces bases militaires sur le continent ?

Des soldats français du 2e Régiment Etranger de Parachutistes (2eREP).

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Légende image,Des soldats français du 2e Régiment Etranger de Parachutistes (2eREP) se préparent à une mission sur la base aérienne française BAP, à Niamey, le 14 mai 2023.

Avec près de 10 000 forces de présence en Afrique subsaharienne, la France dispose de bases militaires à Djibouti, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Gabon, au Tchad et au Niger.

Djibouti :

Les forces françaises stationnées à Djibouti sont présentes sur place depuis l’indépendance du pays. Avec près de 1500 hommes, elles représentent le plus grand contingent de militaires français en Afrique. Sous le coup d’un protocole provisoire en date de juin 1977, un nouvel accord de défense, entré en vigueur depuis 2014, fixe leurs conditions de stationnement à Djibouti.

Côte d’Ivoire :

En 2012, la proximité historique entre la France et la Côte d’Ivoire avait fait sceller un accord de partenariat de défense entre les deux pays. C’est ainsi que le 1er janvier 2015, les forces françaises en Côte d’Ivoire ont été créées pour constituer l’une des bases opérationnelles avancées en Afrique. Après la fin de mission de l’opération Licorne le 26 janvier 2015, avec au moins 950 hommes sur place, les forces françaises en Côte d’Ivoire sont devenues des forces de présence pour assurer un relais opérationnel dans cette zone considérée comme une des priorités stratégiques de la France, conformément au livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013.

Gabon :

Déployées dans le pays depuis son indépendance en 1960, conformément aux accords de défense d’août de la même année, les forces françaises au Gabon (EFG) sont devenues au 1er septembre 2014, les éléments français au Gabon, avec environ 350 hommes. Avec Dakar au Sénégal, elles constituent le deuxième pôle opérationnel de coopération (POC) à vocation régionale.

Selon le site du ministère français de la Défense, les éléments français au Gabon comprennent un échelon de commandement, une unité terrestre (le 6e Bataillon d’Infanterie de Marine ou 6e BIMA) implanté au camp Charles De Gaulle à Libreville et une unité aérienne implantée à la base aérienne Guy Pidoux.

Sénégal :

Avec près de 400 hommes, les éléments français du Sénégal (EFS), présents depuis 2011, assurent la formation des soldats des pays de la région. Implantés au camp colonel Frédéric Geille à Ouakam et au camp contre-amiral Protet au port militaire de Dakar, les éléments français du Sénégal disposent d’une escale aérienne à l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor de Dakar.

Les EFS disposent également d’une station d’émission haute fréquence de la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI) basée à Rufisque.

Tchad :

Les éléments français au Tchad (EFT), près d’un millier d’hommes, ont pour mission de garantir la protection des intérêts français et de ses ressortissants vivant dans le pays. Ils apportent également un soutien logistique et un appui aux renseignements aux forces armées tchadiennes, conformément à l’accord de coopération signé entre les deux pays. En 2013, le dispositif Épervier comptait près de 950 militaires affectés à deux bases principales, la base aérienne 172 à Ndjamena et la base capitaine Croci à Abéché, dans l’Est du Tchad. A Faya, dans le Nord du pays est stationné un détachement d’une cinquantaine d’hommes. En 2014, l’opération Barkhane remplace officiellement les opérations Épervier et Serval pour appuyer les pays sahéliens partenaires.

Niger :

La France comptait entre 1 300 et 1 500 soldats déployés au Niger, ainsi que des avions de chasse et des drones. Ces hommes déployés dans le pays sont affectés dans trois bases à Niamey, la capitale, à Ouallam, au nord de la capitale, et à Ayorou, vers la frontière avec le Mali.

La base aérienne 101 de Niamey est une base non permanente située sur le site de l’aéroport international Hamani Diori. Elle sert de base de départ des drones Reaper qui effectuent des missions de renseignement et de reconnaissance dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel.

Mais à la suite du coup d’Etat qui a porté le général Tchiani au pouvoir, le Niger, après le Mali et le Burkina Faso, négocie un départ des forces françaises de son territoire.

La mission des soldats français déployés en Afrique

Exercices militaires interarmées à Dakar.

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Légende image,Des soldats des Éléments français au Sénégal (EFS) ainsi que des soldats sénégalais effectuent un exercice militaire lors de la visite du Premier ministre français à Dakar, le 18 novembre 2019.

« Il est vrai qu’au début des indépendances, (…) la présence militaire française en Afrique était là pour pérenniser, sauvegarder la stabilité et la durabilité de certains régimes », rappelle Dr Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute.

Mais aujourd’hui au Gabon, « la mission majeure des EFG (Eléments français au Gabon) est de compléter la formation des militaires des pays partenaires de la CEEAC (Communauté économique des états de l’Afrique centrale) dans leur mise en condition avant engagement dans des opérations intérieures ou extérieures », peut-on lire sur le site du ministère français de la défense.

Selon la même source, lesdits éléments dispensent des instructions pour consolider les capacités des troupes des pays partenaires, notamment dans la lutte contre les groupes terroristes, le contrôle des frontières terrestres et des approches maritimes, les opérations de maintien de la paix (OMP), la préparation des échelons de commandement opératif et tactique, le renseignement et la logistique, entre autres.

« La coopération opérationnelle s’inscrit en cohérence avec le programme de renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (RECAMP), pour permettre à l’Union Africaine (UA) et aux communautés sous régionales de disposer de troupes disponibles, bien entrainées et rapidement mobilisables : la Force Africaine en Attente (FAA) », renseigne toujours la source.

Au Sénégal, le commandement des éléments français veille, en coordination avec la mission diplomatique française sur place, à l’application des accords de partenariat et mène les actions de coopération opérationnelle, par le biais d’instructions et d’entraînements dans sa zone de responsabilité permanente des 15 pays de la CEDEAO et en Mauritanie.

« La présence militaire française au Sahel et en Afrique de l’Ouest répondait à un besoin pour l’ancienne puissance coloniale d’être présente dans son espace de déploiement et d’influence naturels, au regard des liens historiques (qui lient la métropole et ses colonies) », indique Dr Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute à Dakar.

« L’influence française en Afrique a toujours été portée par 3 piliers : les relations fraternelles entre élites, le franc CFA et la présence militaire. Cette dernière a permis l’appui aux régimes amis, de projeter et protéger les intérêts de la France et une capacité d’intervention militaire rapide (force de projection) », explique Bruno Charbonneau, professeur titulaire au Collège militaire royal de Saint-Jean et directeur du Centre FrancoPaix de la Chaire Raoul-Dandurand.

« La présence militaire française en Afrique a aussi toujours permis à la France d’être au cœur des mécanismes de résolution et de gestion des conflits en Afrique francophone, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU », précise M. Charbonneau.

Pourquoi la France tient-elle à son « pré-carré » ?

Un soldat de la force Barkhane tenant une arme dans un hélicoptère.

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Légende image,Un soldat de la force Barkhane tient une arme dans un hélicoptère alors qu’il vole près de la base militaire de Ouallam, le 15 juillet 2022, lors d’une visite officielle des ministres français des Affaires étrangères et des Forces armées au Niger.

La réponse à cette question nous vient du professeur Tony Chafer de l’université de Portsmouth au Royaume-Uni.

« L’Afrique reste importante pour la France et son activisme sur le continent doit être compris dans le contexte de l’importance qu’elle attache à l’Afrique en tant qu’arène privilégiée pour la projection de la puissance française à l’étranger ».

« C’est en partie un produit de l’histoire : la centralité de l’Afrique dans l’empire colonial français, la nature de la décolonisation française en Afrique subsaharienne, qui consistait à négocier une forme de décolonisation permettant à la France de conserver son influence en Afrique occidentale et centrale – sa sphère d’influence traditionnelle (« quitter pour mieux rester », comme certains l’ont dit) », renseigne-t-il.

« La présence militaire permanente et l’interventionnisme militaire dans cette partie de l’Afrique s’inscrivent dans un ensemble dense de liens que la France entretient avec la région depuis les indépendances politiques : nombre important de Français et de binationaux français vivant en Afrique, notamment en Afrique francophone ; densité de la présence diplomatique ; zone Franc », poursuit le Pr Chafer.

Selon lui, au-delà des intérêts politiques et stratégiques, la France tient également à ses intérêts économiques.

« La France a également des intérêts économiques importants en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale : pétrole (Gabon, République du Congo, golfe de Guinée), uranium (Niger), commerce du cacao et du café (Côte d’Ivoire), ainsi que des services bancaires, de transport et autres (eau, communications, téléphonie) dans l’ensemble de la région ».

« En outre, argumente-t-il, les pays africains jouent un rôle central dans l’Organisation internationale de la francophonie et sont d’une importance cruciale pour le maintien du français en tant que langue mondiale dans un environnement mondial de plus en plus multipolaire et concurrentiel, dans lequel sa position en Afrique est de plus en plus contestée par des puissances émergentes telles que la République populaire de Chine, l’Inde, les pays du Moyen-Orient et le Brésil. »

« Dans un environnement mondial de plus en plus multipolaire et concurrentiel, la France a un intérêt géopolitique primordial à maintenir sa présence militaire dans la région. Cette présence, ainsi que les relations bilatérales étroites qu’elle entretient avec certains pays clés, sont considérées comme le moyen le plus efficace pour une puissance de taille moyenne de maintenir sa position en tant qu’acteur clé sur le continent », souligne Tony Chafer.

A son avis, « cette présence joue un rôle clé dans la justification du siège permanent de la France au Conseil de sécurité de l’ONU – la France est un « acteur incontournable » lorsque les questions de sécurité en Afrique occidentale et centrale sont discutées à l’ONU ou par la communauté internationale ».

Manifestations pour le départ des troupes françaises

Manifestations devant la base aérienne nigéro-française de Niamey.

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Légende image,Des partisans du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger tiennent une pancarte sur laquelle on peut lire « Jeunesse unie pour un Niger prospère » alors qu’ils manifestent devant la base aérienne nigéro-française de Niamey le 16 septembre 2023 pour exiger le départ de l’armée française du Niger.

« Armées françaises. Allez vous-en… » Alpha Blondy, le chanteur de reggae ivoirien, avait ouvert le bal des contestations pour le départ des troupes françaises de l’Afrique dans les années 90. Dans son album Yitzhak Rabin sorti en 1998, l’artiste demandait à l’armée française de partir du continent. Cette chanson marquait le début d’un nouvel ère de souverainisme.

« Avec l’avènement de la lutte contre le terrorisme avec l’opération Serval, puis Barkhane sur la demande de ces pays-là, la présence militaire française devrait contribuer à lutter contre ce phénomène », explique Dr Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute – Centre africain d’études sur la paix à Dakar.

« Hélas, on s’est rendu compte que l’objectif principal était de faire disparaitre des groupes terroristes, mais les groupes se sont multipliés. Donc, il y a un échec dans cet approche-là », argumente l’enseignant-chercheur au Centre d’étude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis au Sénégal.

« L’approche militaire a montré toutes ses limites et les pays ont commencé à douter de l’importance de la présence stratégique, en même temps s’est développé tout un ensemble de discours et certaines théories du complot qui allaient même dans le sens où cette présence était quelque part une manière d’attirer la menace terroriste, en tout cas de l’aggraver sur le continent », poursuit-il.

« Avec la montée en puissance d’une élite intellectuelle, d’un leadership africain de plus en plus jeune, consciente, mais aussi d’une jeunesse contestataire, je crois qu’aujourd’hui ces éléments combinés-là font que les présences militaires, à l’heure du souverainisme, sont vues comme étant quelque chose qui devait appartenir au passé », souligne Dr Bakary Sambe.

« Et on a vu que progressivement, aussi bien au Mali ça a été contestée, au Burkina Faso ensuite, mais aussi aujourd’hui au Niger où il est plus que jamais sujet pour que cette présence militaire disparaisse ou soit atténuée », explique M. Sambe.

L’Afrique pourra-t-elle gérer les questions de sécurité après le départ des français ?

Soldats français retirant une bombe d'un drone à Niamey.

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Légende image,Des soldats français retirent une bombe à guidage laser d’un drone Reaper après une mission sur la base aérienne française BAP de Niamey, le 14 mai 2023.

« Ce ne sont pas seulement les militaires français qui quittent les pays du Sahel, mais aussi la MINUSMA qui quitte le Mali. Le gouvernement malien a fait appel au groupe russe Wagner pour l’aider à faire face à la crise sécuritaire croissante dans le pays », rappelle Tony Chafer.

« Cependant, dit-il, en l’absence de troupes françaises et de l’ONU dans le pays, il n’y a plus de contrôle sur ce que font les forces armées maliennes et leurs alliés du groupe Wagner ».

« Il est de plus en plus évident que la sécurité humaine s’est encore détériorée et que les violations des droits de l’homme ont augmenté depuis le retrait de Barkhane et le début de la réduction des forces de l’ONU », indique M. Chafer.

Selon lui, « le rôle principal de Wagner dans le pays n’est pas d’améliorer la sécurité de la population mais de soutenir le régime militaire malien – en d’autres termes, il est principalement là pour renforcer la sécurité du régime, et non pour améliorer la sécurité humaine de la population ».

« S’il est vrai que les dix années de l’opération Serval (2013-23), suivie de Barkhane (2014-22), n’ont pas amélioré la situation sécuritaire dans le pays et ont même contribué à l’aggraver, on peut dire que la présence de Barkhane et des forces de l’ONU a eu un effet dissuasif sur les groupes armés dans une certaine mesure », soutient l’universitaire.

« Cette dissuasion n’existe plus et de nombreux éléments indiquent que la situation sécuritaire au Mali et dans l’ensemble de la région s’est détériorée en conséquence », déclare Chafer.

Tony Chafer estime qu’avec le départ des forces françaises et de l’ONU, « le conflit entre l’armée malienne et les rebelles pourrait aggraver l’insurrection islamiste dans le pays, où des groupes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique contrôlent de vastes zones ».

« Par ailleurs, les tensions n’ont cessé de croître depuis des mois entre la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) dans le nord du pays et la junte, faisant craindre la fin de l’accord de paix dit d’Alger et la reprise des hostilités entamées en 2012 », conclut-il.

Quelles alternatives pour les pays africains ?

Remise symbolique de la clé du camp Barkhane à l'armée malienne.

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Légende image,Le colonel français Faivre remet la clé symbolique du camp Barkhane au colonel malien lors de la cérémonie de transfert de la base militaire de Barkhane à l’armée malienne à Tombouctou, le 14 décembre 2021.

Dans cette nouvelle situation géopolitique confuse et tendue, l’Afrique a besoin de repenser son devenir. Du moins, c’est ce que pense Dr Bakary Sambe.

« Je pense qu’il faut une rupture paradigmatique pour les pays africains. On a expérimenté avec la présence militaire que la sous-traitance de la sécurité qui est un domaine de souveraineté ne fonctionnait pas. Cela se termine toujours par des contestations mais aussi cela s’est soldé par des échecs, notamment dans le Sahel central dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. »

Selon Dr Sambe, dans la mesure où l’appel à des groupes d’autodéfense ou des groupes paramilitaires comme Wagner n’a pas atténué le phénomène terroriste, avec une recrudescence des attaques au Mali, où l’année 2022 a été la plus meurtrière en terme d’attaques terroristes, il faut mutualiser les forces.

« Je crois donc que si on se rend compte qu’aussi bien la sous-traitance de la sécurité par des puissances occidentales ne fonctionne pas, mais non plus la présence de milices d’autodéfense, en tout cas de groupes paramilitaires comme Wagner, il faut aller vers une mutualisation des forces et réactiver tous ces dispositifs dont on parle depuis très longtemps, aussi bien de la CEDEAO que de l’Union africaine, les dispositifs de Forces en attente, etc. »

L’enseignant-chercheur estime « qu’il est temps aujourd’hui de jouer sur la mutualisation des compétences et des possibilités en termes de défense, mais d’aller vers une africanisation de ces forces-là et de coordonner au niveau sous-régional de la CEDEAO et au niveau régional pour ce qui est de l’Union africaine, d’avoir cette force africaine, qui depuis très longtemps, qu’on dit être en attente ».

« C’est l’heure de la mutualisation des compétences et des moyens. C’est l’heure aussi de la coopération interrégionale même, parce qu’un phénomène comme Boko Haram ne peut pas être seulement combattu par des pays de la CEDEAO ou des pays de l’Afrique centrale. On est obligé, au regard de la transnationalité des phénomènes, d’aller vers cette mutualisation des forces. »

« La montée en puissance d’une jeunesse contestataire, du principe de souverainisme, à un moment où l’Afrique a le choix de multiplication des partenaires et de leur diversification, posent un véritable problème à la France aujourd’hui, qui à mon avis, ne pourrait s’en sortir qu’en réinventant cette présence-là. Bref, elle ne pourrait s’en sortir qu’à une forme de réadaptation, mais en tout cas un changement de paradigme s’impose », renchérit Dr Sambe.

 

BBC

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Le Royaume-Uni classe le groupe paramilitaire russe « Wagner » comme « organisation terroriste »

Le Royaume-Uni a classé vendredi le groupe paramilitaire russe « Wagner » comme « organisation terroriste », ce qui signifie que l’adhésion au groupe russe ou son soutien est illégal.

Le groupe « Wagner » est devenu la 79e organisation terroriste interdite au Royaume-Uni, après l’entrée en vigueur de son ordonnance d’interdiction qui avait été soumise au Parlement début septembre.

Par voie de communiqué, le ministère britannique de l’Intérieur a indiqué que « Cette ordonnance entre en vigueur immédiatement ce qui signifie que l’adhésion au groupe Wagner ou son soutien est considéré au Royaume-Uni comme une infraction pénale passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 14 ans, qui peut être assortie ou non d’une amende ».

Parmi les organisations terroristes interdites au Royaume-Uni figurent : « Daech », « Al-Qaïda », le « Hezbollah » libanais et le groupe terroriste PKK responsable de la mort de plus de 40 000 personnes en Türkiye.

Le mois dernier, citant des sources informées au sein du gouvernement, le Financial Times a rapporté que le Royaume-Uni proscrirait le groupe Wagner en tant qu’organisation terroriste « dans les semaines à venir », dans le cadre d’une nouvelle campagne de répression contre le groupe de mercenaires russes.

Le groupe Wagner a été fondé en 2014 par Evgueni Prigojine, décédé dans un accident d’avion le 23 août. En juin dernier, le groupe a mené une rébellion de courte durée contre le gouvernement russe, engageant ses mercenaires dans une marche sur Moscou, avant de se raviser.

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Tempête Daniel: arrivée de 38 avions de secours en Libye en provenance de 17 pays

Le gouvernement libyen d’unité nationale a annoncé l’arrivée de 38 avions de secours en provenance de 17 pays pour aider les personnes touchées par les inondations qui ont balayé les villes de l’est du pays, faisant des milliers de morts et de disparus.

C’est ce qu’indique une déclaration de l’équipe gouvernementale d’urgence et de réponse rapide publiée vendredi soir sur la plateforme (officielle) « Notre gouvernement » sur Facebook.

Le communiqué fait état de l’arrivée « d’avions de secours en provenance de 17 pays et de 5 navires, dont le dernier d’Italie, équipés d’un hélicoptère, qui arriveront dans les prochaines heures ».

« Nous attendons l’arrivée d’un navire turc samedi au port de Tobrouk (est) », lit-on de même source.

Vendredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que son pays continuerait à fournir une aide aux Libyens suite aux inondations, notant qu’Ankara avait alloué 3 avions et 3 navires dans le cadre de l’aide humanitaire à la Libye.

Le président turc a souligné que les navires d’aide comprendront « 122 véhicules, dont 10 ambulances, 30 véhicules de sauvetage et d’intervention et 12 camions, en plus des 360 ​​personnes qualifiées, 3 hôpitaux de campagne et diverses fournitures alimentaires, sanitaires et d’hébergement ».

Le communiqué libyen indique que « le ministère de la Santé continue d’exploiter un pont aérien de personnel médical et auxiliaire, puisque 250 personnels médicaux et auxiliaires ont été transportés par voie aérienne, portant le nombre de personnel médical dans les zones touchées à environ 400, et fournissant deux hôpitaux de campagne ».

Le communiqué explique que « les équipes de recherche avaient, vendredi soir, enterré environ 2 500 corps retrouvés à Derna, et que les équipes de l’Autorité nationale de sécurité poursuivent la recherche des survivants et la récupération des corps dans le zones affectées. »

Le 10 septembre, l’ouragan Daniel a balayé plusieurs régions de l’est de la Libye, notamment les villes de Derna, Benghazi, Al-Bayda, Al-Marj et Sousse, faisant plus de 6 000 morts et des milliers de disparus, selon ce qu’a annoncé le sous-secrétaire du ministère de la Santé du gouvernement d’union nationale, Saad al-Din Abdel-Wakil, le 13 du même mois.​​​​​​

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Sanctions américaines contre des personnes et entités « complices » de la Russie

– Plus de 150 personnes et entités sont accusées d’avoir aidé la Russie à contourner les sanctions américaines, à renforcer ses capacités militaires et sa production énergétique

 

Les États-Unis ont imposé de nouvelles sanctions à plus de 150 personnes et entités qui aident la Russie à poursuivre sa guerre contre l’Ukraine.

« Le gouvernement américain cible les personnes et entités qui tentent de contourner les sanctions, aident la Russie à mener sa guerre contre l’Ukraine et qui participent au renforcement de la production énergétique de la Russie », a déclaré, par voie de communiqué, le secrétaire d’Etat des États-Unis, Antony Blinken.

Et le chef de la diplomatie américaine d’ajouter : « des sanctions ont été imposées à plus de 70 entités et personnes (sans les citer nommément) ​​qui ont participé à renforcer la production énergétique de la Russie et sa capacité d’exportation, œuvré avec elle dans les secteurs des minéraux et des mines, et aidé des individus et entités russes à échapper aux sanctions internationales ».

« Plusieurs entités qui produisent et réparent des armes russes, notamment les missiles de croisière Kalibr tirés par les forces russes contre des villes et des infrastructures civiles en Ukraine, ont été visées par les sanctions », a souligné le responsable en chef du département d’État.

« Le département d’État a également sanctionné un citoyen russe pour son association avec le groupe paramilitaire russe Wagner et pour avoir facilité l’expédition d’armes de la Corée du Nord vers la Russie », ajoute le communiqué.

De son côté, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré que ces mesures ciblent les chaînes d’approvisionnement militaires russes et empêchent le président Vladimir Poutine d’accéder à « l’équipement, à la technologie et aux services nécessaires pour mener sa guerre d’agression brutale contre l’Ukraine ».

« Les personnes et entités qui tirent profit de l’invasion russe de l’Ukraine et de leur proximité avec le Kremlin, seront également tenus responsables. Les mesures d’aujourd’hui démontrent notre capacité mondiale à imposer au régime oligarchique de Poutine de payer un énorme prix », a-t-elle ajouté.

Selon le communiqué de la diplomatie américaine, « le département du Trésor a imposé des sanctions à environ 100 personnalités de l’élite russe, à l’infrastructure industrielle de la Russie, ses institutions financières et ses fournisseurs de technologie ».