Les Européens n’ont plus confiance aux Etats Unis en tant qu’allié stratégique sur lequel on peut compter pour assurer sa défense et sa sécurité, a déclaré le politologue Gilles Kepel, soulignant que l’indépendance de l’Europe est plus que jamais controversée et mise à rude épreuve.

Kepel qui s’exprimait lors d’une conférence donnée, mardi, au siège de l’Ecole nationale d’administration (ENA), à Tunis, a brossé un tableau à géométrie variable des mutations et bouleversements tragiques connus par le paysage mondial actuel suite à la crise ukrainienne qui, a-t-il dit, a laissé surgir des positions prudentes et de nouvelles alliances ainsi qu’un positionnement extrêmement compliqué face à l’interdépendance des intérêts des différents
pays avec les deux parties au conflit, à savoir la Russie et l’Ukraine.

En géopoliticien confirmé et fin connaisseur de la scène internationale, Kepel tente de nous livrer sa propre lecture de l’actualité internationale, affirmant que le déroulé actuel des événements avait enfanté une cartographie internationale d’une complexité inouïe au niveau des relations interétatiques en général et des équilibres entre l’Europe et les autres groupements économiques en particulier, y compris les pays arabes et le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, notamment lorsqu’il est question d’enjeux énergétiques en relation avec le pétrole et gaz.

Entre l’existant et le possible, l’expert a dressé un inventaire raisonné des changements marquants qui traversent la scène mondiale, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et ses répercussions potentielles au double plan régional et européen, notamment les rives de la Méditerranée, la Région arabe, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Dans ce contexte, approche chronologique aidant, le chercheur a donné un survol de faits et évènements internationaux marquants qui ont bouleversé la scène internationale, citant en exemple la fin de la Seconde Guerre mondiale (en 1945), et le clivage dualiste du monde Orient/Occident, en plus de la création de l’entité israélienne qui, a-t-il révélé, « a exacerbé les tensions dans la région ».

Il a, également évoqué la « chute du mur de Berlin » en novembre 1989 et les évolutions qui s’en suivaient, outre la montée en puissance de la nébuleuse jihadiste, les attentats du 11 septembre 2001, et au final le « Printemps arabe » et ses « bouleversements tragiques dans la région. »

Dans un autre volet de sa conférence, Kepel a évoqué le retrait de la partie américaine d’Afghanistan et les contextes actuels qui en découlent, soulignant que ce retrait porte en lui les germes du recul de l’hégémonie américaine, annonçant en contrepartie l’émergence de nouvelles grandes puissances qui auront à jouer un rôle-clé sur la scène mondiale.

Evoquant l’élection présidentielle française et l’impact de l’électorat arabe sur les résultats du scrutin, Gilles Kepel a précisé que cette communauté est influente et elle est issue de différentes origines, rappelant à ce titre que 10 % des Tunisiens sont établis à l’étranger et que 80 % d’entre eux vivent en France

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