Les États-Unis et la Tunisie ont toujours entretenu de bonnes relations, notamment dans le domaine militaire. Et depuis 2011, en raison notamment des menaces terroristes visant l’Afrique du Nord, le soutien américain aux forces tunisiennes s’est accentué, Washington ayant octroyé à ces dernières des aides d’un montant total supéreur à un milliard de dollars.

En outre, en 2015, alors qu’elle faisait face aux menaces de l’État islamique [depuis la Libye voisine] ainsi qu’à celles de la Phalange Okba Ibn Nafaa [liée à al-Qaïda] dans la région du mont Chaambi, la Tunisie a obtenu le statut, de la part des États-Unis, le statut d’allié « majeur non membre de l’Otan ».

Pour le Pentagone, la priorité était alors de renforcer les capacités des forces armées tunisiennes, dont la faiblesse avait été en quelque sorte voulue en raison de la méfiance que ces deernières inspiraient au régime renversé en 2011 à la faveur du Printemps arabe.

En outre, en raison de l’instabilité en Libye, alors marquée par une prolifération de groupes jihadistes, Washington et Tunis se mirent d’accord pour déployer des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] sur la base Sidi Ahmed, à Bizerte. La présence de ces appareils américains, longtemps démentie, avait finalement été confirmée en octobre 2016 par Béji Caïd Essebsi, le président tunisien.

Mais ce soutien militaire américain pourrait prendre encore de l’ampleur. En effet, le 29 mai, l’US Africa Command [US AFRICOM], le commandement militaire américain pour l’Afrique, a dit envisager l’envoi en Tunisie d’une Security Force Assistance Brigade [SFAB] pour une mission de conseil et de formation auprès des forces tunisiennes.

Cette éventualité a été évoquée lors d’un entretien téléphonique entre le général Stephen Townsend, le chef de l’US AFRICOM, et Imed Hazgui, le ministre tunisien de la Défense, le 28 mai.

« La Tunisie est un excellent exemple de la façon dont le soutien américain à nos partenaires africains contribue à l’autosuffisance, à la sécurité et au développement à long terme », a commenté le général Townsend. « Notre relation avec la Tunisie est centrée sur le renforcement de notre partenariat pour atteindre des objectifs de sécurité mutuels », a-t-il ajouté.

Le concept des brigades d’assistance à la sécurité avait été élaboré par le général Mark Milley, à l’époque où il commandait l’US Army avant d’être nommé chef d’état-major interarmées. Une telle unité réunit entre 500 et 800 cadres expérimentés, afin de former, conseiller et entraîner les forces armées partenaires. Ce qui permet par ailleurs d’affecter les unités de combat à d’autres missions.

« Nous savons que beaucoup de nos partenaires africains sont assiégés par des acteurs malveillants et des réseaux terroristes […] Par conséquent, nous restons déterminés à renforcer les partenariats essentiels et à travailler ensemble pour apporter des solutions aux défis communs », a expliqué le général Townsend.

L’envoi d’une SFAB en Tunisie serait motivé en partie par le renforcement des capacités militaires russes en Libye, via la société militaire privée Wagner. La semaine passée, l’US AFRICOM a accusé Moscou d’avoir envoyé 14 avions de combat [MiG-29 et Su-24] sur la base libyenne d’al-Joufrah afin d’appuyer l’Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar face aux troupes du gouvernement d’unité nationale [GNA] de Tripoli, soutenu militairement par la Turquie.

« Alors que la Russie continue d’attiser les flammes du conflit libyen, la sécurité régionale en Afrique du Nord est une préoccupation croissante« , a expliqué le général Townsend. « Nous recherchons de nouvelles façons de répondre aux problèmes de sécurité mutuels avec la Tunisie, notamment avec notre brigade d’assistance aux forces de sécurité », a-t-il conclu.

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