“La criminalité en Tunisie” est le thème abordé,  jeudi 29 novembre 2018, par l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES). C’est l’occasion de dévoiler les statistiques relatives à la Tunisie et de mettre en lumière les solutions adéquates pour limiter ce fléau ravageur. 

 Réputée depuis des décennies pour être un pays “sûr” et “stable”, la Tunisie a considérablement perdu du terrain. Depuis 2011, la donne a changé et la criminalité a monté en flèche. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Ouvrant le débat, le Directeur général de l’ITES, Néji Jaloul, a exposé des statistiques qui font froid dans le dos. 

 “Quelque 185.617 affaires criminelles, tous délits confondus ont été recensées au cours des dix premiers mois de l’année 2018, un chiffre qui pourrait atteindre le pic de 200 mille à la fin de l’année ”, révèle-t-il. 

Des chiffres alarmants

Dressant le bilan d’une étude réalisée par l’ITES sur le crime en Tunisie, à l’ouverture d’un séminaire sur la prévention du crime en Tunisie, Jalloul a tenu à rappeler que le nombre des affaires criminelles en 2017 s’est établi à 196.848 affaires criminelles contre 173.070 en 2016.

Selon lui, 48% des détenus impliqués dans ces affaires sont des jeunes et 58% sont âgés entre 15 et 19 ans.

Le district du Grand Tunis se place en première position en matière de criminalité, suivie de la région de Sousse, Nabeul, Sfax et Tataouine, a-t-il précisé.

” Ces chiffres sont à la fois ” inquiétants et alarmants ”, et menacent la cohésion sociale et la sécurité du pays ”, a-t-il alerté.

Présente à ce séminaire, la Directrice de la coordination régionale auprès du ministère de l’intérieur, Najet Jaouadi a révélé que sur un total de 189.189 criminels recensés pendant les dix premiers mois de l’année en cours, 8099 sont des récidivistes.

Tous les indicateurs sont en hausse : consommation et trafic de drogue, vol, agressions, migration irrégulière, violence, etc…

Les mesures de l’ITES pour lutter contre la criminalité

A ce propos, Neji Jalloul a suscité l’urgence d’identifier des solutions efficaces pour lutter contre ce phénomène qui, a-t-il averti, prend de l’ampleur en raison de plusieurs facteurs dont l’instabilité politique, économique et sociale, la détérioration du pouvoir d’achat, les discours haineux, le chômage, la pauvreté, la démission des parents et l’abandon scolaire (près d’un million d’enfants ont quitté l’école depuis la révolution et sont actuellement sans emploi et sans encadrement).

Dans ce contexte, Néji Jalloul a avancé une série de solutions qui, selon lui, pourrait remédier à cette situation.

A cet effet, il a proposé la création des statuts de conseiller familial et d’éducateur spécialisé dans les quartiers chauds, en plus de la mise en place de cellules de suivi et d’encadrement éducatif dans les établissements scolaires.

Il s’agit également, a-t-il ajouté, de la création de services régionaux de la police judiciaire, du renforcement du système de surveillance par caméras, de la mise en place d’une base de données commune entre le ministère de l’intérieur et de l’éducation et de la création d’un observatoire national de lutte contre le crime.

Tout en réclamant l’ouverture d’un dialogue national sur la prévention du crime en Tunisie, Jalloul a aussi jugé important d’opter pour la réforme du système éducatif et du système de formation professionnelle et de tourner de plus en plus vers les peines alternatives.

 

Terrorisme et contrebande, une liaison étroite 

 

Quant au directeur du contentieux à la direction générale de la Douane, Ali Hedfi, il a fait état des liens étroits la contrebande et terrorisme.

“La contrebande qui se limitait auparavant à de simples produits de consommation, touche désormais des produits dangereux comme les armes, la drogue,… ”, a-t-il prévenu.

” Ce n’est plus les habitants des régions frontalières qui se adonnaient à la contrebande pour faire vivre leur famille. Ce phénomène s’est transformé en réseaux organisés financés par des gens fortunés et puissants ”, a-t-il précisé.

L’inégalité dans l’héritage est aussi un crime contre la femme

Pour la présidente de l’Union nationale de la femme tunisienne, Radhia Jerbi, “l’inégalité dans l’héritage est aussi un crime contre la femme”.

Les chiffres sur la violence contre la femme ne reflètent pas la réalité, dans la mesure où un grand nombre de femmes refusent de dénoncer leurs conjoints ou leurs proches tandis que d’autres ne mesurent même pas l’ampleur de certains actes violents y compris le mépris, la négligence et la violence verbale.

“Les conflits conjugaux, les charges domestiques et autres facteurs empêchent la femme de progresser dans sa carrière professionnelle ”, a -t-elle indiqué, faisant état également de la situation des employées mineures et de l’exploitation des femmes dans le secteur agricole (mauvaises conditions de travail et absence de couverture sociale, injustice dans la rémunération).

Organisé en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer Stiftung, le séminaire vise à sensibiliser l’opinion publique, les décideurs et les différents acteurs pour contribuer à la prévention du crime afin d’agir sur la masse de criminalité en Tunisie.

 

HuffPost Tunisie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *